Pourquoi créer ?

Intervention de François de Montfort – Les rencontres de l’IRCOM 2014

La création pour répondre à un besoin, un manque.

J’avais aimé ce témoignage de création en Inde de couveuses pour prématurés qui pouvaient marcher sans électricité et permettant de garder le contact sensoriel avec l’enfant, c’était la compassion d’une femme pour ces mères qui s’était transformé en ingéniosité, création, passion. De la compassion à la passion. Dans la création on souhaite contribuer à l’amélioration du monde par du beau, du bien, de l’utile.

On crée souvent pour répondre à son besoin, son manque, sa fragilité. De nombreuses entreprises répondent à des besoins personnels que l’on partage, je me soigne et je soigne les autres, c’est un mouvement conscient ou inconscient de partage d’une fragilité et d’une réponse.

La création se développe dans des univers fortement contraints avec des contradictions intenables, il s’agit souvent de faire plus avec moins. Les contraintes peuvent paradoxalement éveiller l’ingéniosité « nécessité est mère d’invention ».

  • « Réintégrer la réflexion sur la finalité » (J. Glaisner)
  • « On innove pas si on est satisfait » (F. Mauléon)
  • « Est-ce que mon intervention rend le monde meilleur ? » (F. Mauléon)
  • « L’huître fait une perle avec ce qui la fait souffrir. » (Michel Serres)

La création pour se connaître 

Ce que je vais créer va plaire,  ne pas plaire, je vais prendre un risque, ce risque va me permettre de devenir, je ne vais pas me raconter d’histoire, je vais voir si j’y arrive ou pas, je vais connaître mes limites et mes potentialités.
Dans la création  j’affirme une personnalité, une différence, j’existe.
On trouve des processus de création fort après un échec, comme un rebond après une mort à soi-même qui nous a permis de voir autrement la vie, la création devient un élan vital pour s’affirmer.

  • « Créer est un risque et un engagement » (P. Collignon)
  • « Dans la création, je suis pauvre mendiant, je ne sais pas trop comment cela va se passer » (F. Emery)
  • « Accepter l’idée qu’on ne va pas savoir où on va » (F. Emery)
  • « Etre un artiste de notre propre vie : arrêter d’avoir peur de soi » (L. de Cherisey)

La création est un processus de communication

À travers l’œuvre d’art j’exprime, je dis dans du symbolique des choses inexprimables par d’autres moyens , cette libération  m’aide à rejoindre l’autre à travers une œuvre, une belle œuvre qui permet une communion médiatisée par cette création. On trouve des beaux processus de création dans des situations désespérées, la souffrance incommunicable est sublimée.

  • « Rencontre avec des choses que l’on semble connaître. Rentrer dans leur profondeur » (F. Emery)
  • « Comme un traducteur qui voudrait transmettre une œuvre » (F. Emery)
  • « Parfois c’est inaccessible, cela relève du silence » (F. Emery)
  • « on passe de l’auto-centration à la portée universelle » (F. Emery)
  • « Forget your perfect offering, there is a crack in everything, it’s how the light get in » (Leonard Cohen)

Communication et genre

Il y a sans doute des raisons profondes différentes entre l’homme et la femme, c’est un thème que j’aimerai évoquer. Indépendamment des raisons culturelles et d’éducation. Il y a chez la femme un sens de la fécondité et de la vie et chez l’homme un sens de l’efficacité et un rapport à la matière. Mais je suis bien conscient que le débat est plus large que ces quelques mots, mais je ne voulais laisser passer le sujet

La création comme participation à l’œuvre de Dieu

Dieu est le Créateur. Pour l’imiter il y a paradoxalement un désencombrement de notre moi pour Le laisser faire, c’est l’image du potier avec le vase d’argile. Pour cela il faut savoir laisser faire  l’Esprit Saint qui va être extrêmement créatif, nous amener à ouvrir nos horizons, nous surprendre dans notre quotidien si nous savons l’écouter, le sentir et le voir. C’est le paradoxe à mûrir toute une vie,  de le laisser faire pour être pleinement libéré, donner toute notre énergie créative et être pleinement soi.

Beaucoup de textes de la bonne nouvelle nous appellent à prendre des risques, à être inventif, la parabole des talents, « avance en eau profonde » …

  • « La création n’est-elle réservée qu’à Dieu ? » (P. Clavier)
  • « Est-ce que l’être humain peut dire ‘je ne dois rien à personne’ ? » (P. Clavier)
  • « Est-ce que l’inventeur ne découvre pas quelque chose qui était déjà inscrit ? » (P. Clavier)
  • « N’y a-t-il pas que de la combinatoire ? » (P. Clavier)
  • « Se demander : qu’est-ce que l’Homme dans notre société moderne » (L. de Cherisey)
  • « Accepter la fragilité » (L. de Cherisey)
  • « Arrêter de regarder les handicaps mais regarder les capacités » (L. de Cherisey)
  • « Créer un climat de confiance pour que chacun engage son être » (L. de Cherisey)
  • « J’ai vu un ange dans le marbre et j’ai seulement ciselé pour le libérer. » Michel Ange